Méthanisation : les recommandations du CSNM

29 février 2020 à 16 h 15 min

Nous avons pu avoir un débat en visioconférence avec M. Daniel Chateigner, du CSNM (Comité Scientifique National Méthanisation Raisonnée), en présence physique des agriculteurs de La Ferté-Milon. (Ces derniers souhaitent installer un méthaniseur avec les résidus de la pulpe des endives à 53 mètres de la première habitation et 400 mètres d’une école…)

M. Chateigner a fait le distinguo entre les différents types de méthaniseurs : de la petite structure à l’industrie en alertant sur le fait que cette activité nécessite des connaissances réelles en bio-chimie et que les agriculteurs ne sont pas tous armés pour faire face aux problèmes à venir… le méthaniseur produit du gaz H2S extrêmement corrosif même pour inox et il y aura immanquablement des fuites à venir sur les canalisations libérant du gaz a effet de serre 30 fois plus puissant que le CO2…

Sous prétexte de la suppression programmée du nucléaire, il ne faut pas pour autant tomber dans la facilité et monter trop vite en puissance sur la méthanisation car nous n’avons aucun recul sur les impacts à venir pour l’homme et la planète (évaporation, infiltration du digestat)… On parle de biogaz et gaz vert à tort car l’activité n’aurait rien de vertueux à terme. Le processus n’aurait rien de biologique. Dans les 90 % de la matière qui sort du digestat, 80 % est sous forme liquide (eau ammoniacale qui a la vertu de sécher et tuer les champignons qui font partie de la chaîne longue de dégradation de la matière , à l’inverse des bactéries qui travaillent en chaîne courte… La conséquence à long terme conduira à l’infertilité de la terre et la mort des vers de terre…) et 10 % sous forme solide.

Il comprend les agriculteurs qui ont besoin de trouver des nouvelles sources de revenu mais il prône pour les petites structures bien encadrées par des gens compétents et qui ne traitent que leurs propres déchets et des déchets vrais… Il ne faut pas que, poussé par l’appât du gain ou pour pouvoir faire tourner l’usine toute l’année, que les agriculteurs aillent chercher des intrants ailleurs (beaucoup traitent actuellement les déchets des Pays-Bas) ou pire, qu’ils produisent pour alimenter les méthaniseurs (perte de surface agricole cultivée, pour arriver au mixte énergique souhaité par le gouvernement, il faudrait cultiver la surface de 2 à 3 départements de France…). Le projet GRDF est d’arriver à 1085 méthaniseurs (cibles : Pays du Valois et département du Lot…).

10 000 méthaniseurs en France à l’horizon 2030. « Avec la surface agricole utile de la France, cela fait un méthaniseur tous les 5 km « .

Il confirme les conséquences par la multitudes des actions engagées sur la France contre les méthaniseurs : odeurs, impacts avérés sur le sol et la bio diversité, chute de 10 à 25% de l’immobilier… et surtout aucun respect du simple principe de précaution car on ignore encore tous les effets nocifs à venir. Il insiste sur le fait que la méthanisation monte trop vite en puissance et qu’il faut vraiment des gens compétents.
Après, on doit réfléchir à ce qui est acceptable pour chacun… Les porteurs de projet de méthaniseur doivent construire les projets avec les riverains et prendre des engagements écrits sur les intrants, ne rien accepter d’autres… et maîtriser le processus chimique complexe…

LA SOLUTION, s’il peut y en avoir une selon lui… Décroissance, auto suffisance et maîtrise de la démographie…